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Les pieds sur Terre et la tête dans les nuages…
"ENAC Alumni vous invite à découvrir ses cahiers d'été... le temps d'une petite pause, retrouvez les articles de nos précédents magazines"
Nous ne pouvions manquer d’honorer l’aviation générale dans ce focus pilotes de ce numéro d’ENAC Alumni. En France, plus de 40 000 licences de pilote privé sont actives (avion ou hélicoptère). C’est plus de deux fois plus que de licences professionnelles ! Régis Lacote est diplômé de l’ENAC et Directeur de l’aéroport de Paris-Orly pour Groupe ADP. Détenteur du PPL, l’aviation ne se décline pas uniquement dans le cadre professionnel. Il nous fait partager sa passion du pilotage.
L'aviation habite tous les aspects de ma vie depuis toujours ou presque. Fils d'un père pilote, entrepreneur en travail aérien, et d'une mère passionnée d'aéronautique, à 3 mois ils me font faire mon premier vol, je n'en ai conservé aucun souvenir mais assurément c'est là que tout a commencé. Jusqu'à 13 ans je regarde les autres pratiquer le pilotage. Je ronge mon frein. Je vais faire de la voile en attendant de vieillir! De temps à autres on me laisse le droit de toucher aux commandes de vol, que l'attente fut longue.
A 13 ans je commence mes premiers cours de pilotage d'ULM 3 axes avec mon père qui s'est lancé dans cette aventure et à 14 ans je poursuis simultanément avec le vol à voile. C'est la révélation ! Je me retrouve aux commandes d'engins taillés pour fendre l'air ! Je me souviens encore de mon dernier vol en double commande avant mon lâché, un vol en CARMAN M200 avec mon instructrice Sylvie (aujourd'hui pilote d'ERJ chez HOP) pour aller faire quelques sorties de départ en vrille de rigueur avant d'avoir le droit d'aller tutoyer le ciel, enfin seul. Je me retrouve dans une lessiveuse où le ciel et la terre se marient successivement en boucle. Un seul mot : c'est génial ! C'est décidé je serai Pilote de Chasse. Le projet va faire corps avec moi plusieurs années où il me conduira jusqu'en classes préparatoires mais finalement je n'irai pas au bout de celui-ci, à regret.
Pendant ce temps mon père toujours présent pour les faits générateurs de la motivation aérienne de son fils, m'offre mon « TT » (aujourd’hui remplacé par le PPL) pour me féliciter de mon passage de math sup en math spé. Je pars le passer dans une école de pilote professionnel / IFR à Castelnaudary. Ce fut court et intense (j'ai complété l'ensemble en un mois), ce fut aussi mon premier contact avec la dureté de ces métiers, à l'époque les places en compagnie sont rares et plusieurs de mes camarades resteront à jamais sur le carreau faute d'avoir pu trouver un emploi. J'y découvre la rigueur du métier des pilotes professionnels et comme ce fut le cas en vol à voile j'y vis quelques séances de "challenge de mon moi", c'est toujours bon à prendre et cela forge pour la suite. Il n'y a pas de bons pilotes, il n'y a que de vieux pilotes.
Mes dernières heures avant longtemps je les réalise à l'aéroclub de l'ENAC où j'y effectue un mastère en management aéroportuaire. Un dernier bout d'air frais du Sud-Ouest et direction la Réunion. Là j'y reste 4 ans et peu fortuné avec ma solde de Volontaire à l'Aide Technique. Je regarde les autres voler. Cela donne de la motivation pour la suite et les retours de fortune. Je finis pas économiser un peu d'argent, à moi les cirques ! Je quitte la Réunion avec 10 heures de double en poche dans un paysage de rêves… un mix entre Jurassic Park et les couleurs de l'Afrique !
Je rentre en métropole pour intégrer Groupe ADP. Ils ont un aéroclub, j'en serai. Dans les faits cela prit un peu plus de temps car il fallait attendre son tour sur une liste de séniorité. Là j'enchaine avec de la double en région parisienne depuis ce qui est mon CDG de l'aviation générale à savoir Lognes. Lâché Cessna 152 (ma trottinette du ciel), puis Cessna 172, je pars à la découverte du pays où je pousse mon 152 jusqu'en dans les contreforts des Alpes. Je me sens vivant et que la France est belle. Je découvre les EFIS avec le TECNAM P2008, du coup j'enchaine avec le Cessna C172 G1000, j'y vais à reculons au début néanmoins. Quelque part je dois faire ainsi le deuil des instruments à aiguille du bon vieux temps celui où j'étais jeune. Mon travail m'accapare de plus en plus de temps mais le reste je le réserve pour ma compagne et voler. J'enchaine les voyages dans toute la France, où je commence à accumuler pas mal d'expérience de survols de nos montagnes, de nos plaines et de nos côtes. Les conditions sont souvent complexes, et il est rare qu'il fasse VFRairement beau d'un bout à l'autre de l'hexagone.
En 2018 c'est décidé j'attaque l'IFR, mais entre-temps quelques évolutions professionnelles inattendues me font mettre temporairement entre parenthèse ce projet. Du coup je me tourne vers une nouvelle monture le Cirrus SR22. Et là nouvelle révélation, la machine dont j'ai rêvé depuis toujours existait. Elégant, rapide, fin, performant, je ne saurais m'arrêter de tarir d'éloges sur celui-ci. Je réalise avec le SR22 mi-juillet un premier aller-retour Lognes – Perpignan. Le bonheur intégral j'enchaine à plus de 165 kt des sauts de puce entre les terrains magnifiques d'Egletons, Mende, Saint-Affrique, etc. tout cela en moins de 3H ! Voilà qui m'ouvre de nouvelles perspectives.
Comme vous l'aurez compris je suis définitivement "piqué" par le virus. L'aviation est mon métier et c'est aussi ma passion, un rêve éveillé en quelque sorte.
A propos de l'auteur
Régis Lacote, 45 ans, occupait la fonction de Directeur des aires aéronautiques de l'aéroport Paris-Charles de Gaulle depuis 2012. Il débute sa carrière en 1998 en tant que Responsable du PC Exploitation et Responsable Sûreté de l'aéroport de la Réunion "Roland Garros". Il occupe ensuite différentes fonctions au sein du Groupe ADP : Responsable du service d'assistance en escale de Paris-Charles de Gaulle (2005-2008), Responsable du pôle exploitation des terminaux 2 E/F/G et de la gare TGV (2008-2010), Directeur des opérations aéroportuaires de Paris-Orly (2010-2011), puis Responsable du domaine aviation exploitation de la Direction des aires aéronautiques de l'aéroport Paris-Charles de Gaulle (2011-2012).
Retrouvez l'ensemble du dossier "Histoires de Pilote : l'avion comme passion, les cieux comme bureu..." dans le Mag#23 d'ENAC Alumni
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