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Résumé du rapport sur le transport aérien et développement durable

23 octobre 2019 Article
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Depuis longtemps, mais plus encore récemment, le transport aérien a fait l’objet d’attaques concernant son impact environnemental. Le mouvement emblématique de ces attaques s’est concrétisé, à travers les réseaux sociaux, sous l’appellation flygskam dont la traduction littérale du suédois signifie « la honte de voler ». Depuis lors, on assiste, essentiellement en Europe, à une véritable « chasse aux sorcières » totalement irraisonnée et irrationnelle qui stigmatise le transport aérien et son impact écologique.

Pour les 24.000 anciens élèves diplômés de l’école nationale de l’aviation civile (ENAC), cette stigmatisation du transport aérien est très peu compréhensible. En effet, si le transport aérien, comme toute activité humaine, contribue au réchauffement climatique, son impact se limite à  2% des émissions mondiales de CO2 d’origine humaine et à seulement 10% de celles des autres modes de transport. A ce titre, il participe beaucoup moins au réchauffement climatique que les transports maritime et routier. La part relative des émissions de CO2 du transport aérien n’a d’ailleurs pas changé depuis des décennies, malgré une augmentation continue de son activité. Ce seul chiffre démontre, si besoin était, que peu d’industries ont fait autant d’efforts, et ce bien avant l’avènement du concept de développement durable, pour diminuer leur empreinte environnementale et combiner harmonieusement croissance et protection de l’environnement.

Passé ce premier moment de sidération, il a semblé important à la communauté d'ENAC Alumni (association des anciens élèves de l’ENAC) d'apporter, en toute transparence, de l’information rationnelle et scientifique aux débats sur un transport aérien durable.

La réunion avec les représentants de la nation, qui s’est tenue à l’Assemblée nationale le 16 octobre dernier, s’inscrit dans cet effort d’informations sur la relation entre transport aérien et développement durable.

En préambule, il a été rappelé que le transport aérien, outre le fait qu’il représentait une activité économique d’importance pour la France (4,3% du PIB, 320 000 emplois directs et 1,1 million d’emplois induits), était, avant tout, un outil de rapprochement, de compréhension réciproque et d’échanges entre les peuples et les cultures. Le nombre annuel de passagers dans le monde est d’ailleurs sensiblement le même que celui des personnes connectées à Internet : 4,4 milliards alors même que l’activité du numérique génère deux fois plus d’émissions de CO2 d’origine humaine que le transport aérien.

Il a été souligné que le transport aérien, également outil de désenclavement et d’efficacité économique des régions, a pris très tôt en compte les aspects environnementaux, et en particulier le réchauffement climatique. C’est ainsi que, depuis l’avènement du transport aérien commercial, les progrès technologiques ont permis la réduction spécifique des émissions de CO2 de 80 %, de NOx de 75 % et des nuisances sonores des avions de 75 %. Aucune autre industrie ne s’est autant impliquée dans la réduction de son empreinte environnementale et les acteurs du transport aérien sont toujours autant déterminés à poursuivre ces efforts environnementaux à l’avenir.

A cet effet, le transport aérien s’est doté d’un outil mondial de compensation et de réduction des émissions de carbone. Cet outil, CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation) est un programme adopté en octobre 2016 via une résolution de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale) ratifiée par 191 états. Il contribuera à une croissance du transport aérien neutre en carbone, dès 2020, faisant partie d’un panier de mesures avec trois autres leviers principaux :

Les progrès technologiques, les procédures opérationnelles ainsi que le développement de carburants alternatifs durables dont la vertu principale réside dans le fait qu’il permet d’éviter l’éviction de terre et la compétition avec la chaine alimentaire. Il a été rappelé, à cet égard, l’urgence de la création d’une filière de production de carburant alternatif durable.

Les acteurs du transport aérien ont commencé à décliner activement ce panier de mesures. Le constructeur aéronautique Airbus investit, ainsi, chaque année environ 3 milliards d’euros en recherche et développement afin d’améliorer les performances environnementales de ses avions. Cette recherche est d’ailleurs un succès puisque les avions de dernière génération d’Airbus consomment 20% de kérosène et 30 % de NOx de moins que les avions de la génération précédente. Les nouvelles générations d’avions permettent une consommation de carburant de 2 litres environ par passagers sur 100 km soit déjà mieux qu’une voiture avec 2 ou 3 passagers. Airbus continue, par ailleurs, ses efforts de recherche dans le domaine des propulsions hybride, électrique et à hydrogène.

Dans le même objectif de réduire leur empreinte environnementale, les compagnies aériennes utilisent l’électricité pour les opérations des avions en stationnement et étudient activement l’utilisation du roulage électrique de leurs avions sur les aéroports. Elles sont également actives dans l’acquisition d’avions moins polluants et dans la compensation de leurs émissions de CO2. C’est ainsi que la compagnie Air France compense les émissions de CO2 de ses vols sur l’Europe via les ETS (Emission Trading System) et de ses vols internationaux via le programme CORSIA.

Cette compagnie aérienne compense également intégralement l’ensemble de ses vols domestiques. Autrement dit, le CO2 émis par les moteurs d’avion sur les vols domestiques d’Air France est intégralement absorbé par des outils de captation du CO2 financés par cette compagnie aérienne.

Les opérateurs de contrôle aérien ne sont pas en reste dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ils s’efforcent de proposer aux avions les routes les plus directes ainsi que les niveaux de vol optimaux pour la consommation de kérosène. Ils développent, de façon croissante, des procédures de descente continue des avions vers les aéroports qui consistent à faire atterrir les avions avec une puissance moteur minimum ce qui permet de réduire la consommation de kérosène et les nuisances sonores pour les riverains (notamment en supprimant les paliers horizontaux et les augmentations de poussée associées).

Même s’ils génèrent beaucoup moins de CO2 que les autres acteurs du transport aérien, (5 % de l’ensemble des émissions de CO2 du transport aérien), les aéroports s’impliquent également pleinement dans la lutte contre le réchauffement climatique. C’est ainsi qu’ils se sont collectivement engagés dans un objectif de zéro émission de carbone à l’horizon de 2050. Pour atteindre cet objectif, les aéroports investissent massivement dans l’électrification de leurs activités, le verdissement de leur flotte de véhicules et dans le développement de modes de transports doux ou en commun pour l’accès des passagers aux aéroports.  Le groupe ADP s’est également engagé dans la compensation totale des émissions de CO2 dues aux transports quotidiens de ses salariés.

L’implication des acteurs du transport aérien dans le développement durable ne se limite pas au réchauffement climatique. Ces derniers s’investissent pleinement dans de nombreuses actions sociétales et environnementales tels que l’économie circulaire, la préservation de la biodiversité, ainsi que le recyclage des déchets et des avions en fin de vie.

A travers la discussion avec nos élus, ces derniers ont pu prendre la mesure de la détermination de la communauté de l’aviation qui s’est engagée à poursuivre la réduction de son empreinte environnementale à travers l’atteinte, dès 2020, d’une croissance neutre en carbone, l’émergence, dès 2030, de d’avions utilisant des énergies nouvelles (électriques ou hybrides) et en 2050, la diminution de moitié des émissions de CO2 par rapport au niveau de 2005.

Vous souhaitez soutenir les actions et vous engagez aux côtés des Alumni de l'ENAC, rejoignez le Cercle Développement Durable.




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